Le grand jour est arrivé. Je crois avoir fait tout ce qu’il faut au niveau de la prépa, reste à savoir maintenant si les planètes sont alignées.
Il y a tellement de facteurs qui peuvent influencer une course, si bien que je ne suis pas serein le matin en me réveillant. Objectif 3h30, mais si je peux faire en dessous de 3h25 c’est mieux (d’ailleurs si je pouvais faire en dessous de 3h, ça serait encore mieux… mais là, je ne peux pas!).
Un bon petit déj’, repos, un bon gros plat de pâtes, sans oublier les encouragements d’Anna et des enfants et c’est parti. Pour le trajet, on part en convoi avec des amis afin d’affronter le premier périple : voiture, bus, tramway et dépôt des affaires. Ça met un peu de temps mais l’organisation est sans faille, si bien qu’on se retrouve sans problèmes sur la ligne de départ où je rejoins mes camarades d’entrainement pour une dernière photo souvenir.
C’est presque un choc de se retrouver sans le SAS de départ. Après 2 ans d’arrêt et autant de restrictions, se retrouver au milieu d’autant de coureurs est tout simplement formidable. 15.000 coureurs, du monde partout, de l’agitation, de la musique et la fête, tout ça avait tant manqué.





Mais il est temps de se concentrer, le départ est donné. Les premiers kilomètres se font en zigzag, le temps de trouver sa place à son allure au sein du peloton. Ça se fait sans trop de problèmes, surtout dans la mesure où cette première partie descend… ce qui nous rappelle bien que quand ça descend, c’est que ça va remonter et qu’il faudra en garder sous la chaussure pour la fin de course. Puis on arrive au 7ème kilomètre qui marque l’entrée dans la ville, où là, l’ambiance devient extraordinaire. Il y a un monde fou, la foule crie, hurle, acclame les coureurs, c’est une tempête qui t’entraine, t’emporte et te noie.
Mais pour ma part, je suis un peu embêté. Je crois que j’ai trop bu et ça fait déjà une paire de kilomètres que j’ai envie de m’arrêter sur le bord du chemin. D’abord une petite sensation, qui au fur et à mesure se transforme en obsession, je crois que je ne vais jamais tenir le reste de la course comme cela. Chaque buisson, chaque bosquet devient une opportunité qui m’appelle. Puis au 15ème je craque; petit détour sur le côté derrière les fourrés… et c’est le bonheur retrouvé, je repars à nouveau l’esprit tranquille.


Je passe l’arche du semi-marathon, tout va bien. Ma montre me donne un temps final estimé à 3h23, tout est parfait. L’ambiance et les acclamations me transportent.
25ème kilomètre, les jambes commencent à être lourdes; je suis préoccupé, c’est un peu trop tôt. Puis chaque kilomètre devient un peu plus dur, ma vitesse diminue progressivement. Je ne comprends pas vraiment, je force mais je ne fais qu’aller de moins en moins vite.
30ème kilomètre, on rentre dans le dur : le parcours devient de plus en plus exigeant avec les nombreuses montées dans les quartiers et la traversée du ground qui, quoique très jolie, se révèle être un vrai calvaire au niveau des jambes.
Il reste 10km, et je n’ai plus qu’une seule envie, c’est de m’arrêter. Chaque kilomètre devient un vrai enfer. Je regarde ma montre : 3h31 pour le remps final estimé, je suis en train de lâcher. Puis c’est là que j’entends Laura, ma fille qui me parle dans ma tête : »Souviens toi de ce que tu nous dis toujours : N’abandonnez jamais et ne baissez jamais les bras… c’est à ton tour aujourd’hui ». Une lutte se fait alors dans mon esprit ; mon corps me supplie d’arrêter mais j’entends mes proches me dire de me battre. Je délire et deviens schizophrene. De toute façon, ce n’est pas maintenant qu’il faut lâcher, 3 mois de prépa, 3 heures d’effort, c’est maintenant que ça se joue… 3h30 c’est possible.
Je double un coureur avec une chaussure dans la main, je regarde ses pieds, il a un pied nu et l’autre avec une basket… soit je délire pour de bon, soit il y en a qui sont encore plus mal barré que moi…
Il reste 5km, 4km, 3km…. ça n’arrête pas de monter mais c’est maintenant que tous les fractionnés de la prépa doivent faire la différence!
40ème kilomètre… je me mets à haïr la reine d’Angleterre. Il parait qu’au début du siècle dernier, le marathon faisait 40km mais elle a rajouté 2 km de plus pour que l’arrivée des JO se fassent sous sa loge. Tout un tas d’insultes en anglais dans le texte passent par mon esprit.
Vas-y, Vas-y, Vas-y… je me parle à moi-même mais je m’aperçois que je parle tout fort… il est vraiment temps que ça s’arrête. Dernière montée dans le noir, je donne tout ce qu’il me reste (soit pas grand chose). Puis j’aperçois le hall vers l’arrivée, les 500 derniers mètres me semblent interminables. La foule, les acclamations, les mains tendues et enfin la ligne d’arrivée.
3h28… j’ai envie de pleurer.
Je prends soin de ne surtout pas m’assoir par terre parce que je ne suis pas sûr de pouvoir me relever. Dans ma tête, je remercie tous ceux qui m’ont accompagné pendant cette course et je leur dit au revoir, en espérant ne plus les entendre me parler et devoir aller consulter par la suite…
Voilà, c’est fini, un marathon est une aventure et je tourne la page avec bonheur… pour me retrouver devant une belle nouvelle page bien blanche… alors c’est quoi le prochain?

Félicitations, un très beau temps pour ce Marathon très exigeant !!!
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Merci, je ne sais pas pour les autres marathons parce que c’est le seul que je n’ai jamais couru, mais en effet c’était vraiment difficile…
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Encore bravo Pascalou !!!
C’est pas du mou de veau, ce que tu nous as fait !
Maintenant, tu laisses au repos, tu vas te dire plus jamais ça … et dans 2 jours on en reparle et dans 3, tu regardes quand est ce qu’à lieu le prochain marathon …
Ne perds pas de temps à chercher, c’est le 9 octobre à Metz, moins de dénivelés, un peu moins d’ambiance aussi, le matin…
Bref un marathon pour passer sous les 3h20
Félicitations en tout cas, tu peux être fier de ce que tu viens de faire !
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Encore bravo Pascalou !!!
C’est pas du mou de veau, ce que tu nous as fait !
Maintenant, tu laisses au repos, tu vas te dire plus jamais ça … et dans 2 jours on en reparle et dans 3, tu regardes quand est ce qu’à lieu le prochain marathon …
Ne perds pas de temps à chercher, c’est le 9 octobre à Metz, moins de dénivelés, un peu moins d’ambiance aussi, le matin…
Bref un marathon pour passer sous les 3h20
Félicitations en tout cas, tu peux être fier de ce que tu viens de faire !
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Félicitations Pascal, tout est possible désormais!!
Toujours un plaisir de lire tes récits 😍
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Bravo pour la course, et aussi pour ce récit!
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