… ou pourquoi aller courir dans le froid, le noir, la boue et tout ça sous la pluie…
Je dois dire que quelquefois il faut se faire violence pour se motiver afin de s’extirper de son canapé pour aller courir en hiver quand les températures ont bien du mal à dépasser les quelques degrés. Dans ces cas-là généralement, surtout comme la nuit tombe bien plus rapidement, on prend bien soin de se tenir loin des sentiers pour rester bien à l’abris sur le bitume d’une route éclairée.
Mais voilà, quand l’occasion de changer la monotonie de ces sorties d’hiver se présente à moi en ce début du mois de janvier, la tentation est devenue trop grande. Je vérifie le calendrier, l’embuscade étoilée d’Olivier est pour le lendemain, un samedi soir et rien est prévu. Ni une ni deux, je me précipite sur internet sans trop réfléchir et valide mon inscription en moins de temps qu’il ne m’en faut pour dire la phrase « heuuu, c’est pas le 12 janvier demain, t’es sûre ? ». Question d’ailleurs que je poserais à Anna mon épouse quelques minutes plus tard, et qui accueillera comme réponse : « Ben non, on est le 5 »,
« …! »
Bref, après une semaine d’attente et la chance d’avoir la case du calendrier elle aussi vide, je me présente ce samedi (le 12 pour ceux qui n’ont pas suivi), sur la ligne de départ du trail de 12 km. J’avoue que je m’étais dit qu’on allait être une poignée de pèlerins à avoir eu l’idée que certains pourraient qualifier d’une intelligence discutable, d’aller faire un trail dans le noir, en hiver quand il fait froid. Mais à en juger par les centaines de lampes frontales qui éclairent un peu dans toutes les directions, je crois qu’on est beaucoup à vouloir casser cette monotonie, quitte à se geler le derrière plutôt que de passer son samedi soir bien au chaud à terminer de regarder toutes les saisons de retard de ses séries préférées (alors pour ma part, je n’ai toujours pas vu la dernière de game of throne… même si, à ce moment très précis sur la ligne de départ, je suis en bonne position pour confirmer que « winter is coming » mais heureusement que j’ai mon bonnet bien vissé sur la tête).
Bon finalement, il faut reconnaître qu’il ne fait pas si froid que cela, mais fondamentalement j’échangerais bien un peu de froid contre la pluie qui s’est mise à bien tomber. En plus, juste après le discours habituel, tout le monde se rend compte que le sens du départ sur la ligne est à l’inverse de celui prévu. Si bien qu’il faut ramener tout le monde derrière l’arche de départ. Mais entre les plus rapides qui ne peuvent pas reculer pour rester au plus prêt de la ligne et les marcheurs censés clôturer le groupe et qui essayent tant bien que mal de se frayer un chemin vers l’arrière, ça devient un peu chaotique. Bref, 10mn plus tard, on réussit plus ou moins à retourner le groupe de 300 coureurs et chacun retrouve plus ou moins la place qu’il envisageait.

Bien content, que le départ soit donné, je suis l’allure initiale en me disant qu’il ne vaut mieux pas traîner dans la mesure où avec ce qu’il pleut, ça risque d’être difficile quand les coureurs devant vont bien prendre soin de remuer la boue. Je me retourne et je vois la longue file de lampes frontales tel un grand serpent qui s’étend derrière moi.
Les premières montées dans la forêt confirment mon impression et j’ai une pensée pour les coureurs plus loin derrière qui vont avoir un joli gloubiboulga façon Casimir (si vous ne comprenez pas le terme, ne cherchez pas, c’est que vous êtes trop jeune!) sous les pieds parce que déjà pour moi ça glisse pas mal. On passe le parc du château, le village et on s’enfonce dans la forêt. L’expérience de courir dans le noir est vraiment particulière. Je suit très attentifs à tous mes pas, et il n’y a aucun réel moment où l’attention n’est vraiment relâchée, c’est très consommateur en énergie, mais l’expérience est géniale.
Arrivé à un peu plus de la moité de la course je rejoins le coureur devant moi qui à l’air en difficulté. J’arrive à sa hauteur et je lui dis que ce n’est pas le moment de lâcher et lui dit de m’accrocher. On commence à taper la causette, il me dit qu’il s’appelle Lucas. Après quelques centaines de mètres, il m’annonce qu’il s’est tordu la cheville. Comme je le vois s’accrocher, j’essaye de l’encourager comme je peux. Deux kilomètres passent où on fait le chemin ensemble et je profite de tous les jurons qu’il connait pendant une dizaine de minutes (la décence m’interdit ici de les mentionner) et il tient le choc au courage mais le voyant diminuer de vitesse, je me dis qu’il vaut mieux qu’il poursuive à son rythme… dommage, j’aurais bien aimé l’emmener jusqu’au bout.
La fin est épique, la boue s’intensifier et par 2 fois j’évite de justesse de profiter d’un gommage intégral du corps à la boue, mais pas mes mains qui se retrouvent en plein dedans lors d’une minuscule descente mais hyper raide juste avant la fin. Enfin l’arrivée dans le village, puis dans le parc en mode un peu perdu du fait de la nuit noire, puis la ligne d’arrivée. Je ne traîne pas trop parce que je suis trempé et que je ne rêve maintenant que d’une bonne douche chaude…
Voilà, c’était un premier trail dans la nuit et c’était vraiment génial du fait de cette ambiance nocturne très particulière.
Et des nouvelles, de Lucas… Il ne finit qu’à quelques places derrière moi finalement, mais diagnostique de sa cheville : un belle entorse. Dire qu’il a tenu avec moi pendant une paire de kilomètres avec une cheville en vrac. Ce soir-là, j’ai vu des centaines de coureurs avec un brin de folie pour avoir choisi entre affronter ces conditions et leur canapé, mais je dois dire qu’avec Lucas j’ai vu quelqu’un qui a aussi un joli brin de courage et de volonté!
Allez maintenant, je vous laisse, il y a mon canapé qui m’attend!
C’est Anna qui aurait été heureuse si tu avais la peau toute douce après un gommage boue / gravillons !!!!
C’est vrai qu’une course à la frontale a une saveur particulière, sensation de vitesse, certaine appréhension au niveau des appuis, plutôt rare mais unique, d’où un vrai charme.
Bon plus que 13 jours …. j’espère que tu as bien bossé tes appuis, les rattrapages d’urgence et un peu de froid 😄
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Encore un petit test la semaine prochaine, je lave bien les chaussettes, révise les cours de jujitsu pour les chutes, et je suis fin prêt. Déjà hâte d’y être…
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