… ou comment courir dans un des villages classé parmi les plus beaux de France (enfin…).
Quelquefois on parcourt des centaines et des centaines de kilomètres pour aller découvrir des endroits exceptionnels, et parfois on prend même l’avion pour aller visiter l’autre bout du monde pour cette même raison. Et paradoxalement, il y a bien souvent des endroits magnifiques à 2 pas de chez nous et par manque de temps ou tout simplement absorbé par le tourbillon du quotidien, nous ne les avons jamais visités.
Impardonnable vous me direz, surtout quand vous habitez dans le coin depuis que vous êtes tout petit (et même avant!). Donc, je tombe exactement dans cette catégorie, n’ayant jamais été voir Rodemack pourtant classé parmi les joyaux des villages de France.
Mais bon, la plupart du temps, je vis quand même très bien au quotidien avec ce handicap (sauf évidemment quand on a accueille à la maison Janusz mon beau-frère, qui quand je le laisse seul une journée, m’annonce le soir quand je rentre, qu’il a été visiter 3 endroits dont un que je n’avais jamais été voir et un autre dont j’ignorais même l’existence)…
Heureusement que la course à pied est là pour remettre un peu de culture au centre de mes préoccupations grâce à l’organisation de la Ronde des Seigneurs 3e édition (le sort s’étant ligué contre moi pour les 2 précédentes éditions, si bien que je n’ai pas pu y participer, si bien que mon niveau d’inculture ne s’en est pas trouvé amélioré d’un iota).
Mais aujourd’hui, par ce beau matin de janvier, je suis bien décidé à changer tout cela pendant les 14km de la Ronde des Seigneurs. Donc direction Rodemack pour vérifier si le village mérite son titre..
Les conditions sont parfaites parce que l’hiver s’est finalement décidé à arriver, il fait un grand soleil tandis que la température avoisine les -4 degrés (ce qui conduit aux 3 couches réglementaires de vêtements pour courir). Arrivé dans le village, vite les inscriptions et je fais un petit tour aux alentours, pour me rendre compte par moi même que l’endroit vaut largement sa réputation. Belle cité médiévale avec une citadelle entourée de remparts qui nous plonge dans une atmosphère d’antan. Tout le village est strié de balisage, ce qui laisse présager que la course se fera largement intra-muros. Génial d’avoir le parcours au cœur de la cité historique, mais cela laisse aussi présager que ça va un peu piquer les cuisses, parce que comme toute cité médiévale, le cœur historique est planté tout en haut d’une bute et j’ai un peu l’impression que rien n’est plat dans le coin.
Direction le départ, en dessous d’une des portes d’entrée de la ville, petit discours habituel et la masse de coureurs devant commence à partir. J’avoue qu’à ce moment, je ne comprends pas trop si le départ a été vraiment donné, et autour de moi j’ai le sentiment que c’est un peu la même chose … « on est parti, là ? » … « … ben oui puisqu’on court! »… »c’est la boucle de délestage »… « Et ça compte ça, la boucle de délestage dans le chrono ? »… L’incertitude ambiante ne tarde cependant pas trop à s’effacer quand au premier virage, en voyant les gugusses devant qui ont déjà imprimé un rythme impressionnant dès le début, on comprend qu’il n’y a pas d’incertitude dans leur esprit à eux. On rentre à nouveau vite dans le village, et je me rends compte que le parcours est vraiment fantastique. En effet, l’organisation s’est démenée pour nous faire passer à travers tout le village, et certainement par les plus beaux endroits.
On monte, on descend, passe des escaliers, des petits ponts surplombant le ruisseau, passe par des rues minusculement étroites, longe à coté des bâtiments chargés d’histoire. Alors par contre, au niveau cardiaque, c’est horriblement exigeant avec ces montées et descentes mais aussi avec toutes les relances parce que ça tourne dans tous les sens (à en perdre complètement le sens de l’orientation)… c’est vraiment dur. Je regrette un peu d’avoir mis mes chaussures de trail dans la mesure où les passages hors bitume sont gelés et dur comme de la pierre. Mais à entendre autour de moi le bruit lourd des pas claquant sur le sol surtout sur les zones pavées, je ne suis pas le seul à avoir fait la même erreur.
Peu avant la fin, tout en haut à côté de la citadelle, sur un virage, ma chaussure ripe sur le sol glissant et je me retrouve en une demi-seconde les 4 fers en l’air sur le sol tel une crêpe qui aurait ratée la poêle un jour de Chandeleur. Comme quoi, j’ai beau faire pas mal de courses, je fais encore des erreurs de débutant, appui sur le côté interne dans un virage un peu glissant et c’est le coup de la savonnette. Pas de mal, et la coureuse derrière moi qui s’enquit de ma santé se voit rassurée bien vite et me dit que ce n’est pas grave, on ne dira rien et personne ne le saura (de mon côté je n’en suis pas si sûr…).
Un peu plus prudent sur la fin, je passe la ligne d’arrivée de cette belle course.
Et maintenant, la prochaine fois que mon beau-frère viendra et me demandera si ça vaut le coup d’aller à Rodemack, je pourrais non seulement lui confirmer que la cité vaut largement le détour… mais je lui conseillerai de ne pas mettre de chaussures de trail… mais je ne sais pas s’il va comprendre…