Le trail blanc des Vosges…

ou comment découvrir que la couleur de l’enfer, ce n’est pas le rouge finalement…

Tout commence il y a 2 mois à peu près. Jibé me propose de l’accompagner avec quelques-uns de ses copains au trail blanc des Vosges au milieu du mois de janvier. « Au trail blanc? … mais t’es sûr qu’il y aura de la neige? »… question purement rhétorique je dois l’avouer dans la mesure où elle ne fait sens que 2 jours avant le jour J, à moins bien sûr d’avoir quelques dons de voyance pour prévoir la météo.

Mais bon, quelques mots bien placés et il n’y avait finalement pas beaucoup à me pousser pour faire naître l’envie d’y participer « tu verras, tu ne regretteras pas le trajet, c’est vraiment une superbe course » (oui je sais, je suis faible…).

Quelques jours avant, la météo s’annonce favorable et les webcams pointées sur la station de ski de rouge gazon sur le lieu du départ, montrent que la neige sera finalement au rendez-vous.

Jour J, un dimanche matin comme un autre, si ce n’est que le réveil matin sonne 3 heures avant l’heure habituelle. Petit détour pour prendre Pierre et Jibé, et nous nous dirigeons vers les Vosges. Arrivé en bas de la station, un organisateur en gilet jaune et un gendarme tous 2 trempés jusqu’aux os sous une pluie battante (et non, sans pancarte ni flashball), nous laissent passer après avoir vérifié que la voiture est bien équipée de pneus neige.

La pluie se transforme au fur et à mesure de la montée, en une bonne grosse neige qui rend tout le paysage digne d’un décor de carte postale. On se gare en haut, le long de la route et l’ouverture de la porte de la voiture nous accueille avec un mélange de neige et de glace qui nous fouette le visage avec violence. On monte et on se réfugie vite fait à l’abris du restaurant du bas des pistes où s’entassent un nombre impressionnant de coureurs affairés aux derniers préparatifs.

Moment trop court à mon goût mais il faut bientôt rassembler son courage pour aller dehors afin de s’échauffer, petit avant goût de ce qui va nous attendre : la neige, le vent, le froid… bref, toutes les raisons pour lesquelles on a fait ce trajet.

A ce moment, je suis encore confiant ; après tout, c’est pas mon premier trail et c’est pas un peu de neige en plus qui va me faire peur (c’est beau la naïveté de l’ignorance).

Tout le groupe de copains se retrouve sur la ligne de départ, et on est bien impatient que le coup d’envoi soit donné. Heureusement, cela ne tarde pas trop (il commençait à faire froid aux extrémités), et la horde de coureurs s’élance. On commence direct par une montée, et j’ai le cœur qui monte proportionnellement, mais, bien décidé à monter aux Vosgiens ce que je vaux , je garde le contact. Ça glisse un peu, mais le début est surtout difficile du fait du vent qui a décidé de nous pousser du mauvais côté. A part ça, je me dis que finalement, ce n’est pas pas si dur que cela et les 4 premiers kilomètres se passent sans trop de problèmes. Puis, c’est le drame…

On arrive en bas de la piste rouge de ski alpin qui a l’air de monter sacrément raide. Après quelques dizaines de mètres, je vois bien que je n’ai pas la bonne technique : je me fais doubler constamment par des gugusses faisant de toutes petites enjambées. Je diminue donc d’amplitude… et je continue à me faire doubler… ils commencent à m’énerver les Vosgiens!  Je continue à avancer tant bien que mal, mais au fur et à mesure, j’ai les jambes de plus en plus lourdes et j’avance de moins en moins vite. Après de longues minutes, j’arrive en haut et il faut déjà descendre. Par la forêt ce coup-ci, dans la grosse neige poudreuse où il faut faire quelques fois des sauts pour descendre quelques décimètres d’un coup. Comme j’accuse encore le coup de la montée, j’ai l’impression qu’à chacun de ces sauts, je vais perdre en route un genou ou une hanche. Mais bon, arrivé en bas, force est de constater que rien n’a été perdu en route.

A peine en bas qu’on attaque une nouvelle grosse montée. Je vais aussi vite qu’une salade poursuivie par une limace (autant dire que je n’avance pas), et je lorgne avec envie tout possibilité de m’asseoir sur le bas côté, bref je n’en peux plus. Arrivé en haut (comme quoi, il faut croire au miracle), on doit déjà bien vite descendre. Chaque pas est un enfer et j’ai les jambes dures comme du sapin (ben oui, on est toujours dans les Vosges) mais le plus dur, c’est de voir des gugusses me doubler en sautant comme des cabris dans la poudreuse.

10km, il reste 10km.

Ces 10km n’ont en fait plus de difficultés majeures mais je me surprends à espérer à chaque montée que le coureur devant se mette à marcher pour me donner l’excuse de faire de même.

Heureusement que  le paysage est extraordinaire, il y a de la neige tout autour qui décore les arbres, on se croirait au pays du Père Noël. On passe dans des décors qui auraient pu inspirer Jack London et même l’odeur de cette neige fraîche est un vrai bonheur.BAVI4513

Les kilomètres s’enchaînent avec  lenteur, et je bénis les conditions météos qui ont contraint les organisateurs à raccourcir le parcours de plus d’un kilomètre. Une dernière ligne droite et j’entends avec soulagement la voix de Jibé (arrivé depuis bien longtemps) qui m’encourage pour les derniers mètres pour passer enfin l’arrivée où une bonne soupe nous attend  (mais comme j’aime pas la soupe…).

La course finie, le temps de se changer et direction le bas de la station afin de tous se rejoindre au café et de profiter pleinement des spécialités vosgiennes, je crois qu’on l’a bien mérité (je vous recommande d’ailleurs le petit pâté lorrain de la première boulangerie dans le village en bas, c’est une tuerie).IMG_3836

Quelques jours après, qu’est-ce que j’en retiens : en fait, il faudra que je me prépare différemment afin d’entreprendre ce genre de course et qu’il me faudra manger des côtes à l’entrainement pour préparer mes rondins de sapins… pardon mes jambes (elles commencent seulement à aller mieux). Parce que oui, j’aimerais bien y retourner, afin de pleinement profiter de cette course, de ses paysages extraordinaires, de son ambiance différente… et sans oublier son petit pâté lorrain en descendant au village à gauche…

GDUO8710
Manu, Pierre, Guillaume, Pierre, Loïc, Jibé et moi… allez.. « bonne nuit les petiots »

7 réflexions sur “Le trail blanc des Vosges…

  1. Jibé

    L’enfer est pavé de bonnes intentions et aussi de quelques cm de neige !!!!
    Et être dans les 15 premiers % … pour ton premier, bravo !!!
    On apprend tous les jours …
    Avec du soleil, un peu de poudreuse, tu verras, l’année prochaine, ce sera encore plus sympa 😉

    Aimé par 1 personne

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