Qu’est ce qui est le pire : courir contre le vent ou courir sous une pluie battante?
En fait, en ce moment, t’as même pas besoin de choisir, tu sais que tu vas te taper les deux. Et quand le vent souffle à près de 100km/h en rafale, le risque de perdre ton bonnet et qu’il tombe dans une flaque d’eau n’est pas négligeable. En même temps, si ton bonnet s’envole, il n’y a presque aucune chance qu’il rate son atterrissage dans une flaque d’eau puisqu’il y en a partout. Donc fondamentalement, si tu choisis d’aller dehors, faut pas espérer conserver une partie sèche de ton anatomie.
Vous me direz, tu n’as qu’à pas sortir ! Reste sur ton tapis de course dans ta salle de sport, bien au chaud, devant les écrans à regarder les infos où l’on voit les journalistes faire des points météo et se faire mouiller jusqu’au caleçon.
Ouais, ça serait pas mal comme plan. Sauf que les premières courses arrivent et je commence à avoir besoin de retrouver les sensations du sol, du vrai, avec des cailloux et tout. A certains moments, il faut se désintoxiquer du sol qui avance tout seul…
Donc c’est bonnet enfoncé jusqu’au maximum (plus enfoncé que ça et il me couvre les yeux mais là, ça commence à devenir dangereux) que je m’engage à affronter le temps, histoire de partager les sensations du journaliste météo que je viens de voir à la télé; la seule différence étant que lui, il peut s’en prendre à son équipe technique dans la camionnette qui lui dit dans son oreillette qu’il faut attendre un peu la prochaine averse pour que le reportage soit encore mieux… alors que moi, je ne peux qu’à m’en prendre à moi-même.
Il ne me faut pas 10 mètres pour, alerté par mon instinct de survie, me dire que j’ai intérêt à trouver un endroit plus ou moins abrité (parce que mon instinct de survie, lui, il sait que je ne suis pas un grenouille).
Parce que si je continue, je serais prêt pour postuler à la prochaine élection présidentielle… non, c’est pas une bonne idée, il faut que je m’abrite.
Ça tombe bien, un peu plus loin il y a un petit bois qui pourrait faire l’affaire. A défaut d’être protégé de la pluie, parce qu’en hiver il n’y a pas beaucoup de feuilles sur les arbres, ça va au moins arrêter le vent. Le chemin commence par une belle descente mais arrivé en bas, je me dis que ça ne va pas le faire. Ça fait plusieurs jours qu’il pleut, et là, je ne suis pas équipé pour faire du trail.
Plan B. On va faire une petite séance de fractionné en profitant de cette belle montée. Objectif fixé, 10 montées à fond, 10 descentes en récup. Ça c’est de l’entraînement!
Première montée en test : 1min30. « C’est plus long que ce que je croyais »
Deuxième montée : 1min20 « ouf, j’ai le cœur qui s’emballe »
Troisième montée : 1min15 « bon, je crois qu’on va réduire l’objectif: 6 montées c’est déjà bien, non? »
Quatrième montée : 1min17 « pas mieux »
Cinquième montée : 1min15 « faut que je m’assoie en haut… bravo maintenant j’ai le c** mouillé »
Sixième montée à : 1min15 « J’ai mal au cœur… mais je vais quand même en faire encore une, histoire de dire que je ne suis pas venu pour rien »
Septième montée : 1min12 « J’ai tout donné (pour 3 secondes de mieux… bravo), j’ai envie de pleurer, je suis assis dans la boue… c’est bon je rentre »
Je suis quand même content mais pas moyen de me sortir de l’idée que j’aurais quand même pu faire les 3 de plus… mais ça, c’était après, sous la douche que je me le dis.