J’avais pourtant toujours résisté malgré les sollicitations… en effet ça faisait déjà plusieurs années que mes amis me proposaient de les accompagner pour faire un marathon mais j’avais toujours prétexté que cette distance n’était pas pour moi avec des excuses plus ou moins cohérentes : « Trop long, j’ai pas été conçu pour… », « Trop d’entraînements, j’aurais plus le temps de jouer à la PS4» ou tout simplement « je peux pas, j’ai un bouton sur le doigt de pied qui m’empêche de courir longtemps».
Et un beau jour d’octobre, suite à un e-mail reçu d’un de mes copains d’entraînement au boulot promettant le rêve de faire le full marathon en mode « relax », en vue d’en profiter et d’arriver tous ensemble, je commets l’irrémédiable erreur de répondre.
« je veux bien mais à 5 conditions :
- On s’habille tous en Superheros et on est minimum 5
- On y va cool… enfin dans la mesure du minimum acceptable quand même
- Vous me laissez SpiderMan
- On reste toujours ensemble
- Vous me portez à la fin (faudra au moins ça pour que je termine) »
Et le deal était fait… j’avais craqué…
Quelques communications plus loin, les 4 autres SuperHeros enrôlés dans la ligue étant des habitués de la distance avec des chronos dévastateurs, on se fixe comme objectif 3h45 pour qu’aucun ne soit dans le rouge et puisse profiter pleinement de la course mais sans trop traîner quand même (2 poses pipi maximum).
Enfin, ça c’était ce que je croyais avant de m’aligner sur la distance… c’est quand même beau l »innocence…
Donc, il ne restait plus qu’à s’entraîner. C’était sans compter une tendinite au talon d’Achille qui est intervenue au premier jour de mon plan d’entraînement soit 3 mois avant. Mais une fois engagé avec l’entrain de mes compagnons de course, je n’aurais pas laissé le film s’arrêter ici, et je décide de lever le pied et de miser sur des entraînements qualitatifs afin de viser un complet rétablissement.
C’est donc le jour de l’épreuve, devant mon beau maillot de l’Araignée et mon dossard de marathonien que je me retrouve sans jamais avoir parcouru plus de 21 km de ma vie (22 pour être plus précis). Je ne la ramène pas des masses, et je me dirige vers le Luxembourg afin de rejoindre mes copains…
Avant le départ je croise pas mal d’amis et la bonne humeur est de mise parce que les conditions météo sont optimales, que l’ambiance au départ est extraordinaire.
Mais le premier défi est déjà de former la ligue au milieu de 15.000 coureurs. Le téléphone est de rigueur, couvert par les bruits de la foule et de la musique à fond. Après quelques longues minutes de stress où j’ai l’impression qu’on ne va jamais réussir à se retrouver (« mais vous êtes où? … devant le sas ? lequel ?… attends, j’entends rien.. le D? …mais je suis devant le D… quoi? … le D comme Brigitte ? … hein ?…ok, bougez pas j’arrive… »), on fini par se rejoindre 5mn avant le coup d’envoi.
C’est sous l’air de White Stripes, que l’on passe le départ, et les premiers kilomètres passent assez rapidement, on discute, on parle, on plaisante… finalement c’est pas si difficile que ça un marathon!
Puis on arrive en ville, où le monde aux abords devient de plus en plus dense. Après des débuts timides, l’ambiance monte et nos costumes d’Avenger font leur effet. On se fait de plus en plus acclamer, on zigzague afin de taper dans le plus de mains tendues. Avantage très net à IronMan et SpiderMan de loin les plus populaires au grand désespoir de Flash. Tandis que pour Batman et Black Panther, les hourras de la foule sont plus frileux… mais quand même, les costumes jouent leur rôle et les acclamations s’enchaînent tous les 20 mètres.
Rapidement, on brise la bifurcation avec le semi-marathon, et porté par les encouragements ainsi que par l’ambiance, on passe le 21km sans trop de problèmes même si les jambes commencent à se faire un peu lourdes. Puis j’entre dans l’inconnu…
24ème kilomètre, les voix et les plaisanteries de mes copains SuperHero font place à la petite voix qui me parle à l’intérieur de moi : « qu’est-ce que tu fais là? Alors que tu pourrais être tranquille devant ta télé à regarder l’Eurovision? »…. bref, ça sent le début des ennuis. Mais j’entends encore les encouragements de mes potes : « allez, on pousse jusqu’au 28 où tu auras une surprise.. » et puis au 28 « allez, plus que 10 … »… bon je suis encore assez lucide pour me dire que ça sent quand même un peu l’arnaque!
Puis, la grande descente du Ground arrive où l’on passe dans un autre monde. La nuit est tombée, on passe sous le grand pont où des centaines de jeunes se sont réunis pour faire une grande fête techno, ce qui nous donne l’occasion de prendre notre dose de fumée de cannabis, si bien que je me dis que ça va planer pour le restant de la course…
Mais en fait, ça ne plane plus des masses, même la petite voix dans ma tête m’abandonne. Je vois bien mes copains autour de moi qui continuent à m’encourager mais je ne les entends plus. On repasse en ville au 35ème, où il règne encore une ambiance folle mais je n’entend plus le son, juste un enchaînement de lumière et d’images plus ou moins floues qui défilent devant mes yeux. Je cours machinalement; on m’avait prévenu que ça allait être dur mais je n’aurais su imaginer à quel point.
Puis, en sortant de la ville, il ne reste que 5km, probablement les plus durs puisqu’il se font en faux plat montant pendant presque tout le long. Je serre les dents et j’avance, et ce n’est que grâce au fait que je suis mes amis que j’arrive à continuer à mettre un pas devant l’autre.
Les derniers ravitos sont un enfer, qu’on ne me parle plus de banane, de barre ou de boisson énergétique parce qu’après en avoir pris tous les 3km pendant tout le long, j’ai mon estomac qui me crie pitié et qui me demande ce qu’il m’a fait pour mériter un tel acharnement à son égard…
Puis la fin arrive, on se met en ligne pour la photo finish…

Fin du film, on a rempli le contrat… bon quelques minutes au dessus de l’objectif (3h49) mais on va pas chipoter, de toute façon je n’aurais pas pu aller plus vite. Médaille au cou, je tente de me mettre assis tant bien que mal, rapide check, et je crois que je n’ai pas une seule partie de mon corps qui ne soit dans son état normal : j’ai les pieds qui chauffent tellement que j’ai l’impression de marcher sur un volcan, l’intégralité des jambes moulées dans un bloc de béton, le système digestif qui a dû commencer un processus d’auto-destruction et la tête qui fume (bizarre comme sensation).
Mais je suis heureux, heureux de l’avoir fait mais surtout de l’avoir partagé avec de vrais SuperHeros….
On m’avait dit qu’il y aurait une sensation de manque et que directement après un marathon, tu as déjà envie d’en faire un autre. Et ben, je peux vous dire « non, mais ça ne va pas la tête, il faut être fou pour re-signer sur une épreuve comme celle-là… et d’ailleurs, je crois que je ne peux plus parce que pendant l’épreuve, j’ai un bouton qui a poussé sur mon doigt de pied qui m’empêche de courir longtemps…
… mais je ne suis pas sûr que cette excuse va tenir, il faut que je me renouvelle, si vous avez une idée, aidez-moi…
Ça fût un plaisir mon ami de courrir avec toi et de t’avoir amené à réaliser l impossible…..
Notre corps est capable de l impossible.
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Ce fût un plaisir partagé… 4 heures avec un vrai SuperHero….
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Bravo!!!! Excellente idée les supers héros! sympa le marathon ING, un ravito tous les 3km vraiment? Moi aussi j’ai fait mon 1er marathon il y a un mois, mais toute seule. et sans perf. Mais j’ai terminé. Tout pareil pour les sensations de marre des ravitos, jambes lourdes, sentiment de manque après,… ça change une vie je trouve. En tous quel temps, en dessous de 4h pour un 1er whaoou!
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Merci, et ce que j’ai appris aussi c’est que peu importe le temps, c’est la distance qui compte. On l’a fait ! Je me disais aussi que c’est peut-être même encore plus méritant au delà des 4 heures…
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Mon ami Pascal ce marathon reste pour moi une expérience unique merci ce fut quelque un première comme tous nos camarades superhéros! Merci!
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Merci à toi Rach, c’était un vrai plaisir d’intégrer une telle ligue de SuperHero…
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Félicitations Pascal !! Magnifique 🙂
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Merci Chris, mais toi aussi tu as été plutôt bon…
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Toutes mes félicitations pasqualino , t as tout donné, t as profité , t as partagé, t as decouvert , t as souffert et t as pas laché !!! C est tout ça un marathon.
Bravo t es vraiment un super heros 😉👍
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Merci Olive, mais j’en connais des SuperHeros qui enchaînent un semi et un triathlon le même week-end…
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Bravo 👏👏👏 super de faire ça entre potes et très sympa la ligue de super-héros. Bonne récup
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Oui je confirme, c’était génial de le partager à plusieurs… pour la récup, j’ai déjà recommencé à boire de la bière, c’est bon signe…
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Hello ! Super résumé ! C’est top. Pauvres bananes, on les déteste tout au bout d’un moment 😉
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Merci… et le combo banane-boisson énergétique, rien que d’y penser j »ai le gout qui revient dans la bouche….
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Ahaha je limite à l’eau simple. ça évite les mésaventures 😀
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