Il faut déjà préciser que mes cours de philosophie sont maintenant bien loin derrière moi, et je dois aussi avouer que je n’étais pas spécialement dans les premiers de la classe (Kant et Spinoza ayant décidé de s’allier pour pilonner ma moyenne générale au BAC). Mais du tréfond de mes vagues souvenirs, il reste une citation ; je me souviens de ce concept qui posait la question suivante :
Lorsqu’un arbre tombe dans une forêt et qu’il n’y a personne pour l’entendre, fait-il du bruit ?
Bon, maintenant vous allez me dire que c’est une drôle de façon de commencer ce récit, et pourquoi cette question me revient maintenant?
En ben, tout simplement parce qu’un début de réponse m’est apparu très exactement l’année dernière, pour ma première participation au trail du Konacker…
C’était en novembre, il faisait froid, il avait bien plu et bien que la distance ne soit plus que raisonnable (13 km, ça va pour un trail), j’avais quand même bien bataillé, vaincu le vent sur le plateau après une belle montée et accroché tout le long un coureur qui ne lâchait rien (mon combat épique du dimanche matin à la place d’aller à la messe!). A la fin, comme c’est une petite course à l’ancienne, sur la ligne d’arrivée, j’ai donné mon dossard comme les autres pour le classement final.
Puis de retour à la maison, ce fût le drame… à la lecture des résultats de la course, mon nom n’apparaissait pas !
A trop coller le gugusse devant moi, mon dossard avait dû lui aussi rester collé au sien! Pourtant j’y étais, moi aussi je m’étais battu, j’avais vaincu le vent et la gadoue… mais l’histoire ne retiendrait jamais mon nom!
L’arbre était tombé dans la forêt, il avait fait du bruit… mais ce bruit avait disparu de l’histoire… immense frustration dans mon âme de compétiteur, ni médaille ni classement!
Alors, c’est avec un esprit de revanche, que je me présente cette année afin d’inscrire mon nom dans l’histoire du trail du Konacker. Ce matin je suis fermement déterminé, j’enfile mon bonnet rouge (oui je sais j’ai un train de retard, je devrais mettre mon gilet jaune… mais c’est aux oreilles que j’ai froid..). On est un de ces matins de novembre, le ciel est bas et la brume entoure tout le plateau, tant pis pour la vue cette année. Direction les inscriptions, vite fait dans la mesure où la course est gratuite. C’est assez rare pour être souligné, à côté des grandes courses qui dévalisent nos portefeuilles, il existe des organisations qui se démènent en allant jusqu’à la gratuité… un grand bravo à eux.
Je vais m’échauffer en parcourant le début de l’itinéraire de la course afin de pouvoir me rendre compte de l’état du terrain. J’entre directement dans le bois où je m’aperçois qu’une grosse flaque de boue, d’eau et de terre glaise nous attendra dès le début. Je la passe avec précaution et parcours une dizaine de mètres pour entendre un gros juron juste derrière moi… un autre coureur m’ayant suivi a été moins vigilent, et vient de s’étaler de tout son long dedans! Il s’extirpe tant bien que mal et fait demi-tour, on ne peut même pas dire que la course commence mal pour lui parce qu’elle n’a pas encore commencé…
Il est rapidement l’heure, je reviens pour me rapprocher du départ où l’organisateur nous donne les consignes d’usage avec entre autre que, cette année, ça va, le terrain n’est pas trop glissant (heureusement de prévenir le monsieur couvert de boue qui ne doit pas être trop loin…).
Coup de feu, un tour du stade, où je suis surpris de la vitesse où ça part devant. Soit je suis pas dedans, soit je vais en rattraper une paire rapidement à la première montée… Je fais attention en passant par la grosse flaque (nouvelle pensée au coureur qui n’est sec que sur le côté gauche) et on descend dans les bois. Au bout de 2km, la première montée arrive, je m’accroche sur le premier kilomètre puis devant un panneau disposé là qui nous annonce « 15%, ça vous dit quelque chose? », ma volonté s’effondre et je me mets à marcher. Je sens que la montée est rude pour tout le monde, je double et me fait doubler mais nous soufflons tous de la même manière. Puis on arrive sur le plateau, où la course est de nouveau de mise. On devrait avoir une belle vue de là, mais la brume a envahi les lieux : à défaut de point de vue, on a l’ambiance.
Puis on repasse dans les bois alternant faux-plats montants et descendants, c’est dur, il y a pas mal de racines et de feuilles si bien qu’il faut être vigilent. J’essaye de tenir le rythme, mais je suis bien dans le rouge. Heureusement que la fin de la course s’effectue en descente sinon je crois bien que je n’aurais pas tenu. Descente tout schusss, pour revenir sur nos pas. Petit passage par un champs, un dernier bois, je serre les dents mais ce n’est pas à la fin qu’il faut craquer. Puis enfin la fameuse flaque qui annonce l’arrivée toute proche où je met bien en évidence mon dossard pour ne pas le rater au comptage final…
Bon, maintenant pour ma question philosophique, je ne suis pas sûr que j’ai trouvé la réponse en route… je ne sais pas pour l’arbre, par contre je sais maintenant quel bruit fait un coureur qui tombe dans la gadoue parce que j’étais là pour l’entendre…
Le traileur qui tombe fait du bruit et souvent accompagné d’un langage fleuri 😉😂
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On sent que l’expérience parle…
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c’est pas faux!
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Et tant qu’il fait du bruit en se relevant, c’est qu’il n’y a rien de grave …
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Je n’ose pas imaginer le bruit que tu ferais…
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Des bruits de forêt… grognement d’ours, bruit de sangliers et jurons de chasseurs 😉
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