Je ne sais pas encore si la route vers l’enfer est chaude mais j’imagine que oui. En tout cas, comme à chaque fois, la route du semi ou du marathon ING de Luxembourg l’est peut-être encore plus…
Mais commençons par le début, parce que cette année c’était mal engagé. Anna m’annonce que la communion de Sam, mon fils, est prévue pour le 2 juin. Rapide coup d’œil sur le calendrier et je me rends compte que c’est la catastrophe, c’est le lendemain du marathon ING si bien que connaissant Anna, il va falloir jouer serré dans la négociation. Au vue de l’ambiance de cet évènement, c’est une de mes courses préférées de l’année donc la rater, c’est comme pour un fan de foot de rater la finale de la ligue des champions (qui d’ailleurs tombe aussi le même jour, mais comme je n’aime pas trop le foot, pour le coup je m’en bat les … cela me fait ni chaud ni froid).
« Non, pas question que tu fasses le marathon, vu l’état dans lequel tu es rentré l’année dernière » … ok, je prends cela comme l’autorisation de faire le semi… elle n’est pas belle la vie ?
Bon, il va falloir quand même faire un peu attention, parce que j’avais déjà fait le semi il y a 2 ans et il avait fait vraiment chaud, le soleil tapant sur ma tête, j’ai passé toute la nuit cette même tête dans les toilettes, et si ça arrive ce coup-ci je vais me faire appeler Arthur par Anna… mais bon, il ne va quand même pas faire chaud tous les ans…
Pour la première fois de ma vie, quelques semaines avant, j’entame un plan d’entrainement afin de me structurer pour une fois quelque peu. Je télécharge une application sur mon smartphone, passe 5 semaines à suivre les conseil de mon nouvel ami virtuel en notant consciencieusement mes séances, tant est si bien qu’à la fin il m’annonce son pronostic : « Bravo Pascal, tu peux espérer atteindre les 1h32« . Ouahhh, il est super cool mon nouvel ami, parce que ça serait mon record sur cette course! Bon il y a évidemment la météo qui casse un peu l’ambiance, parce qu’ils annoncent pas loin de 30 degrés pour ce jour-là, alors que jusque- là si on avait 19, c’était le bout du monde!
Jour J, et il semble que la météo ne s’est pas trompée, ça chauffe pour une des premières fois de l’année vraiment. Je révise la stratégie : je pars vite et si je m’aperçois que ça coince au bout de quelques kilomètres, je lâche l’affaire et je déroule le reste de la course tranquillement. Je crois qu’il vaut mieux ça, parce que si je tente le record et si ça ne se passe pas comme prévu, si je survis quand même au parcours, c’est Anna qui se chargera de m’achever! Non, on va jouer la sécurité.
Sur le départ, l’ambiance est déjà chaude, autant de part l’ambiance que par la chaleur. Je rencontre quelques copains, et on passe la majeure partie du temps assis dans l’ombre sur le côté comme beaucoup de coureurs. Puis le départ s’annonce, 2mn d’échauffement suffisent avant le coup de feu puis une pluie de confettis nous tombe dessus.
Comme prévu je fais chauffer les crampon en donnant un bon rythme, et le bitume me le rend bien en rendant la chaleur accumulée de la journée et en faisant chauffer mes pieds. J’ai pris soin de garder un peu d’eau avec moi, mais je n’ai déjà plus une goutte au bout de 2km et malheureusement je rate le premier point d’eau. Ca chauffe sur la tête, mais les coureurs autour de moi ont du rythme et m’entrainent (…vers ma perte).
Puis arrivé au début de la ville au bout du 7ème km, je sens bien que ça ne va pas aller et qu’il vaut mieux activer le plan B. Je réduis l’allure… même si de toute façon, elle s’est déjà réduite d’elle-même… aïe… c’est peu être déjà trop tard!
10ème, la foule est bien au rendez-vous, l’ambiance est extraordinaire, tout le monde nous acclame. Heureusement qu’ils sont là, parce que de mon côté, c’est devenu comme quand j’essaye de courir juste après avoir mangé une choucroute, je pédale dedans. Je me fais violence pour avancer, et même à rythme réduit, c’est dur. Je profite maintenant de chaque ravito pour boire, me verser un verre sur la tête et reboire en marchant un peu.
Je me fais pas mal doubler, dont une fois Patrick qui m’a reconnu, et me passe tel une fusée en me lâchant une remarque sur mon derrière mais que je ne comprends qu’à moitié vu mon état de décomposition avancé (…faudra d’ailleurs que j’éclaircisse ce point).
Le passage en ville me relance grâce aux encouragements de toute part. Je vois une pluie de couleurs autour de moi soutenue par des cris d’acclamation de tout côté. Je suis venu pour cela et merci je le trouve…
Puis les derniers kilomètres s’annoncent. Je le sais qu’ils sont durs, chaque année ils le sont. Et aujourd’hui, cela ne déroge pas à la règle. J’ai envie de lâcher et de marcher, mais je me dis que je ne vais pas faire ça si près de l’arrivée. Je tiens bon, mais c’est dur.
Puis la dernière montée, et enfin je vois le parc des expos ou j’entre en serrant les dents mais avec plein de joie dans les yeux.
La ligne passée, je m’effondre. J’ai tenu… et je crois que ça va aller. J’ai lâché prise au bon moment, si bien que ça a été rude mais ça ne laissera pas de conséquences, et je serai opérationnel le lendemain.
Allez, c’est pas pour cette année, mais c’est pas grave, je suis vraiment content de l’avoir fait et j’ai bien bataillé. Je suis fin prêt pour le repas de communion de Sam, j’ai quelques calories a rattraper. Maintenant, il va quand même falloir que je parle à mon ami virtuel parce qu’il s’est quand même gourré de prêt de 10mn dans son pronostic… en fait je crois qu’au final, rien ne vaut les vrais amis…